La Presqu’île, les artistes et les bulldozers.
publié le 17 novembre 2023,
par Hannah Höfte et Marion Chapon
Imaginaires de réemploi
Mercredi 8/11, nous poursuivons notre exploration de la ville de Caen sur le secteur de la Presqu’Ile.
Derrière le front bâti de la monumentale bibliothèque de Tocqueville, signée par les architectes d’OMA en 2016, nous découvrons ce secteur en pleine transformation, ancien port industriel de Caen composé principalement de bâtiments industriels ou de stockage. La monumentale minoterie en brique “Axiane” par exemple transforme encore aujourd’hui le blé en farine. Le contraste est fort avec l’ensemble de logements neufs qui a récemment été livrée autour de la bibliothèque. On apprend que la construction d’autres logements était prévue sur les anciennes emprises industrielles mais qu’elle est pour l’instant suspendue au vu des contraintes d’inondabilité du site.
Passée une drôle d’esplanade enherbée, nous tombons sur “Les ateliers intermédiaires” et rencontrons quelques occupants de cet ancien entrepôt frigorifique. Il s’agit d’un lieu partagé depuis 17 ans par des artistes, graphistes, journalistes, compagnies de danse… Ils nous informent qu’ils doivent quitter les lieux prochainement car le bâtiment va être démoli pour être remplacé par des parking pour les employés de l’entreprise attenante.
Plus loin, les engins de démolition viennent de passer sur l’ancien marché de gros, à la suite d’autres vestiges industriels. La logique de la table rase pour faire place au neuf nous frappe. Son lien direct avec la production de déchets et la disparition d’une mémoire nourrissent nos réflexions sur le réemploi.
La rencontre avec le Bazarnaom, collectif d’artistes installé dans un des hangar qui subsiste, vient compléter avec brio notre découverte de cette zone particulière. Cendres Delort, artiste membre du collectif, nous accueille gentiment et nous raconte le projet “Presque Nous” que le Bazarnaom a mené avec les Ateliers Intermédiaires pour mettre en valeur les récits habités de la Presqu’ile et imaginer une fabrique culturelle dans un des vestiges industriels. Vous pouvez découvrir l’ensemble de leurs passionnants travaux sur leur site en cliquant ici, notamment la BD "Tout doit disparaître" de Yannick Lecoeur qui décrit les enjeux sociaux de la mutation de ce territoire.
La visite du Bazarnaom est aussi saisissante pour nous sur le plan de son aménagement, qui s’avère être complètement réalisé en matériaux de réemploi ! Nous sommes ébahies par les expérimentations que le collectif a mené pour construire une vraie petite “ville dans la ville”, conviviale et bouillonnante de créativité, qui nous a beaucoup touchées. Nous nous promettons de revenir pour un échange plus approfondi autour de leurs récits de réemploi.
Photos : Hannah Höfte
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Site de l’ancien marché de gros en cours de déblaiement après sa démolition
Hannah Höfte
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Les logements neufs et la minoterie
Photo : Hannah Höfte
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Le quai des brumes et la minoterie
Photo : Hannah Höfte
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Les logements neufs et la minoterie
Photo : Hannah Höfte
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Le Hangar du Bazarnaom
Photo : Hannah Höfte
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